Le Grand Manège franchit la mue du son

20 mai 2019

Le futur écrin du CAV&MA, le conservatoire et la salle de concert de musique ancienne, est en construction. Un défi acoustique qui devrait faire du bruit.

D’un mot on pourrait dire que c’est un projet «conservatoire». Triplement conservatoire.

Au premier chef, le bâtiment de l’ancien «Grand Manège», à rebaptiser «Espace Rogier» (du nom de la rue où il est situé), est destiné à accueillir et regrouper les cinq implantations du conservatoire de Namur.

Deuxièmement, le CAV&MA (Centre d’art vocal et de musique ancienne), futur occupant et gestionnaire des lieux, y disposera aussi d’une salle de concert aux performances acoustiques de pointe, «conservatoires» au plus haut point de la pureté du son. Et, troisièmement, architecturalement parlant, il a aussi été question de conserver. Conserver les façades historiques du bâtiment en l’occurence. Un autre défi technique. Explications.

Silence dans la salle

Le site de la rue Rogier est divisé en deux parties. À l’intérieur de l’ossature de murs du Grand Manège, et il n’en restera plus que ça, sera intégrée une salle de concert de 800 places. Tout à côté les murs du futur conservatoire vont commencer à sortir de terre.

Pour les deux bureaux d’architectes (p. HD et a.a) et les deux des entreprises de construction (Wust et Cobelba), qui travaillent ainsi en double binôme, le défi est double également. «On se situe en cœur de ville, à côté de la voirie et il faut obtenir des performances acoustiques qui permettent de réaliser des enregistrements de musique ancienne de haute qualité» résume Jean-Noël Calgaro, architecte chez p. HD. Tout l’enjeu de la salle de concert et d’enregistrement est donc d’obtenir des performances sonores de pointe. En clair, il faut qu’on puisse jouer du klaxon dehors et du violon dedans sans que l’un ne pollue l’autre. L’ossature de la salle est de béton, et l’apparence brute du matériau sera conservée. Un choix esthétique mais aussi technique: «Le temps de réverbération du son est plus lent sur le béton, ce qui convient mieux à la musique ancienne», détaille Jean-Noël Calgaro. D’autre part, pour limiter la propagation du bruit et des vibrations, cette ossature interne est construite de manière indépendante de la structure extérieure. Entre les deux: un isolant de billes en vrac pour éviter que quoi que ce soit ne filtre.

La conservation des murs extérieurs en brique de l’ancien Grand Manège a aussi fait cogiter les architectes. C’est le second défi. Il a fallu par exemple en consolider les fondations, en injectant du béton sous pression directement dans le sol.

Au final, la future salle de concert est imposante. Par ses dimensions, de 14 m de haut, 19 de large et 40 de long. Mais elle l’est aussi par le challenge technique de sa construction et elle devrait l’être par ses performances: «Si on arrive au résultat voulu, et on est confiants, ce sera une salle d’une qualité comme il y en a peu en Belgique et même en Europe,» promet Jean-Noël Calgaro.

Source: L'avenir


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